Politiques du symptôme, symptômes du politique

De toujours le symptôme est politique. Autrefois toute maladie était perçue comme un dysfonction- nement social supposant des stratégies collectives pour réintégrer le malade dans son groupe. Avec l’essor du capitalisme, il a pris la forme moderne de la biopolitique, c’est-à-dire une gestion des corps permise par l’avancée du discours de la science. La subversion freudienne, qui saisit le symptôme comme expression d’un désir refoulé et son accomplissement, soit une façon de jouir, n’est-elle pas elle-même un symptôme de ce dispositif venant l’interroger ? Lacan donnera à cette découverte toute sa portée, repérant Marx comme son inventeur, symptôme dé ni comme ce qui ne va pas dans le Réel. Dès lors, la psychanalyse comme discours s’articule en les écrivant aux autres modalités de lien social, lui donnant une autre dimension politique, sensible à l’évolution des discours.

En effet, aujourd’hui, le symptôme a tant évolué dans le lien social qu’il est devenu le nom d’une iden- tité revendiquée comme une communauté de discours (entendeurs de voix, toqués, bègues..., etc.). De nouveaux symptômes sociaux se font jour – séquelles non traitées de la colonisation, handicap, migration, retour du religieux, etc. – opposant dans notre communauté diverses façons de lire le lien social contemporain. Dans l’expérience analytique de même, sa fonction a radicalement changé en devenant le nœud d’une identi cation terminale qui contribue à faire tenir la structure d’une façon nouvelle.

Ces journées se proposent de saisir et de mettre en débat tous ces aspects du symptôme, aussi bien politique du symptôme que symptôme du politique, à partir de notre expérience, mais aussi de l’ex- périence de ceux qui, à divers titres, se sont saisis de ces questions.

  • Alain Ehrenberg – L’idéal du potentiel caché : symptôme ou forme de vie ?
  • Gisèle Chaboudez – Le symptôme nodal